Au Burkina-Faso, le procès de l’assassinat de Thomas Sankara a pris fin ce 6 avril 2022 avec la condamnation de Blaise Compaoré, Hyacinthe Kafando et Gilbert Diendéré. Mais deux faits ont failli empêché ce dénouement.
Il a fallu 25 ans de batailles judiciaires, six mois de procès et plus de 110 témoignages pour que la lumière soit enfin faite sur l’assassinat de Thomas Sankara. Mais le coup d’état du 24 janvier 2022 et un recours déposé par les avocats des accusés ont failli assener un coup fatale au long processus menant vers la justice espérée par plus d’un.
L’accession au pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré en 2015 a joué un rôle déterminant dans le dénouement de l’affaire Sankara. Son gouvernement, premier gouvernement démocratique depuis le départ de Blaise Compaoré, a autorisé l’instruction du dossier qui a conduit à l’ouverture du procès le 11 octobre 2021.
Hélàs, le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré a été poussé à la démission, lundi 24 janvier 2022, aux termes d’une mutinerie présidée par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. Ce coup d’état avait fait soufflé un vent de doute quant à la poursuite du procès. Les intentions du nouvel homme fort du pays n’était pas connu. Mais plus de peur que de mal.
Durant la transition, le spectre d’un coup d’arrêt va encore plané sur le procès de l’assassinat de l’icône du panafricanisme, avec une suspension dès l’entame des plaidoiries des avocats de la défense. En cause, des conseils d’accusés avaient introduit un recours en inconstitutionnalité devant le Conseil constitutionnel burkinabè. Ils avaient brandi des dispositions du Code pénal, relatives aux infractions d’attentat et de complicité d’attentat à la sûreté de l’État. Des infractions constitutives d’un coup d’État que la Charte de la transition, « supérieure à la Constitution », ne condamne pas expressément.
Mais ce goulot d’étranglement juridique va être par le Conseil qui, dans une décision rendue le 18 mars, a jugé la requête des avocats mal fondée. De quoi permettre la reprise des plaidoiries cinq jours après, le 22 mars, et susciter un ouf de soulagement chez de nombreux impatients qui attendent le dénouement de cette longue bataille judiciaire.
« On a pensé par moment que ce procès ne commencera pas. Et même quand il a commencé, il y avait eu des doutes, des suspensions mais enfin le verdict a été rendu » s’est alors exclamée Mariam Sankara dans un énorme soulagement après le verdict.